Le Premier Eté
Anne Percin Editions La Brune, 2011
Le Premier été, Anne PercinIl fallait qu’il y en ait un… il fallait que dans cette sélection Biblioblog, au moins l’un des six livres me mette en échec. C’est fait, avec Le Premier Eté. L’ironie veut qu’il soit lui aussi, comme mon number one, laureat ! Vous ne me verrez pas dire qu’il est mauvais. Vous savez ce que je pense de ce genre de commentaire. En plus, ce serait mentir de manière éhontée. Il y a de très belles choses dans ce livre. Un style poétique, délicat, parfaitement adapté à l’écriture du souvenir. Un choix narratif intéressant. Une écriture à la première personne, qui s’adresse directement… à qui ? A un interlocuteur annoncé en première page ? Au lecteur ? Chacun trouvera sa réponse. Le thème, aussi, du passage à l’âge adulte, avec tout ce que cela recèle de violence, de cruauté et de sensualité… Anne Percin a voulu peindre des écrevisses, dans une ambiance à la Monet dans laquelle nous plonge immédiatement la couverture. Oui, tout cela est très réussi. Et pourtant… Non, on peut le dire, je n’ai pas accroché. Je n’ai pas dépassé le tiers de la lecture… Alors pourquoi ? Pourquoi ce livre pourtant d’une qualité certaine ne m’a-t-il pas séduite ? Je pense tout simplement que je n’appartiens pas au public visé. Je n’ai pas de grande sœur… j’ai un grand frère (je vous en ai déjà parlé !), et nos passages à l’âge adulte respectifs, si douloureux furent-ils, se sont fait dans l’entraide mutuels. J’ai passé des étés à m’ennuyer, moi aussi, quand j’étais ado. A lire. A dormir pour rêver. Et j’ai, comme la narratrice, le goût immodéré du livre. Je n’ai pourtant jamais vécu d’expérience traumatisante qui aurait pu m’éloigner de la gent masculine pour le reste de mes jours. Et par-dessus tout, je sais à quel point les secrets sont destructeurs. Il ne me viendrait pas à l’esprit de les enfouir, de les laisser gangrener l’espace sacré de mon cœur et de ma vie. Alors non, je ne me suis pas sentie concernée. Ni par ce « je » d’une jeune laissée sur le banc de touche de l’adolescence (arrivera-t-elle à le quitter un jour), ni par ce « tu » qui aurait dû m’interpeller dès le premier chapitre. Ni par le thème, ni par l’écriture du souvenir qui ne sera jamais dit. Ce livre m’a mise en échec. Le recommander ou pas ? Ce n’est pas mon rôle. Anne Percin a un public à toucher. Il y a des personnes chez qui son histoire fera résonner un écho. Si vous en faites partie, lisez-le. Et venez partager ici votre avis.